C'est juste une discrète dédicace sur la jaquette blanche de Crève coeur, le dernier album de Daniel Darc : «But I killed this Man in Reno just to watch him die. Johnny Cash, 1932-2003.» Rien de plus au milieu du reste. «Just to watch him die...», «Juste pour le regarder mourir». En ce moment, la phrase vient nous visiter la nuit. Nous regardons un homme mourir. Il n'est plus à Reno. Il vit encore sur MTV. Personne ne l'a tué. Il bouge, là, devant nous. Son visage se meut difficilement. Bajoues violacées. Grands sacs sous les yeux. Déglutition embarrassée. On dirait un vieux varan exténué. Il plaque quelques accords las sur une guitare sèche noire. L'homme que nous voulons juste regarder mourir, c'est Johnny Cash en personne. Il chante Hurt. Dire qu'il le fait d'une voix grave s'impose : du latin, gravis, «lourd, pesant». Le clip, tourné par Mark Romanek (Bono, Timeberlake, Jay-Z...), met délibérément en scène une résurrection. Des images du Christ clouté traversent l'écran. Des plans sur une maison en bois peint blanc : «House of Cash». Il pose assis dans un large fauteuil. Une femme hiératique à ses côtés, la sienne June Carter. Des extraits de ses films viennent comme des Dream on. Le prédicateur pourri qu'il interpréta dans Colombo n'y figure pas. Avec ses cheveux bruns et permanentés 70, on le guetterait plutôt ici sous les traits du prêtre de l'Exorciste. Des statuettes d'or. Des tentures sombres. Des poissons et des volailles rôtis dans une vaisselle grossière sursign
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