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Libération
Critique

J.T. Leroy. Queer véritable

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Dans ce premier roman, un gamin aux boucles d’or fait tout pour devenir une gagneuse de parking.
publié le 30 avril 2004 à 0h25

«Walk on the wild side», comme dit la chanson de Lou Reed, changez de bord, ou plutôt restez entre les deux. Avec le premier roman de J.T. Leroy, écrit à dix-neuf ans, c’est garanti 100 % «queer» : on est en plein dans le bizarre, le transgenre, l’interlope. Le secteur du Doves Diner, le restau de l’aire de repos, est régenté par Glad, le mac métis choctaw qui fait porter un os de pénis de raton laveur comme signe de ralliement (plus l’os gros est, plus la gagneuse est méritante). Son écurie de «garçons-filles» est réputée la meilleure du coin, c’est que «tous les travelos de Glad sont sapés comme des princesses, dans de la soie fine de Chine, de dentelle chic de France et du cuir dégénéré d’Allemagne». Et il y en a pour tous les goûts, Pie la geisha, Sundae la pom-pom girl texane... Dernière recrue : un gamin aux boucles d’or, le fils caché de Sarah, une gagneuse de parking. Il veut qu’on l’appelle comme maman tant il l’admire. Aussi pour gagner l’amour maternel et le plus bel os de raton du monde, il part voir le mythique Jackalope, le lapin aux ramures de cerf, saint patron des putes. Le voilà embarqué chez Le Loup le souteneur «le plus craignos et le duraille de toute la Virginie de l’Ouest». Chez Leroy, le burlesque (le narrateur pris pour une sainte à cause de son absence de règles et vénéré par les camionneurs) alterne avec le sordide (on écluse de l’alcool à 90 avant d’aller au tapin), un nouveau genre pathético-comique. Cet Oliver Twist habillé en Alice (option cuir