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Critique

L'Est pointe son Net

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Le berceau du Net-art est en Europe centrale. Musique, graphisme, installations, dix ans déjà que ces pays mettent la Toile en ébullition, avec quelques longueurs d'avance sur la vieille Europe.
publié le 30 avril 2004 à 0h25

Ils n'ont pas attendu d'entrer dans l'Europe pour faire avancer l'art. Et c'est tout un pan de la jeune histoire des nouveaux médias que la Hongrie, la Pologne, la Slovénie, les pays baltes, la Slovaquie et la République tchèque apportent à l'Union européenne. Il suffit de rappeler quelques noms pour s'en convaincre. Pionniers de la vidéo et des premières «bidouilles» visuelles dans les années 70 : Steina et Woody Vasulka, Tchèques. Inventeur (et fossoyeur) du Net-art : Vuk Cosic, Slovène. Premier site de la collection Beaubourg : Igor Stromajer, Slovène (1). Créateur du premier film interactif en 1967 : Raduz Cincera, Tchèque, qui faisait sortir ses acteurs de l'écran et demandait au public de voter. Premier pays à imposer un suffixe «art» dans ses adresses web : la Pologne, en 1997 (2). La décennie 90 a vu une génération gangrener la Toile de facéties à l'esthétique brute. Une effervescence nommée Net-art par Vuk Cosic, terme que lui aurait inspiré un message sibyllin de 1995 : [...] J8~g#|\; Net. Art{-^s1 [..]. Avec les Russes Alexei Shulgin, Olia Lialina et Lev Manovich (aux Etats-Unis), ils provoquent, théorisent et revisitent l'art via l'outil numérique. Paradoxal, alors que leurs pays n'en finissent pas de (mal) digérer l'occupation soviétique et que leur situation économique inquiète les Européens.

«L'Est a toujours été en avance en matière d'équipement technologique et d'esprit réseau (Russes, Estoniens, Lituaniens, Cosaques, Huns, Francs, Corses...) [sic]», dit Clém