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Libération
Critique

A voir et à manger

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publié le 7 mai 2004 à 0h31

Les livres de cuisine se succèdent et ne se ressemblent pas. Prise de remords, après des années de facilité exaspérante, l'édition publie plusieurs ouvrages de grande qualité. Jusqu'ici personne n'osait sortir de la monotonie de la mise en page : une recette ­ une photo de plat ­ une recette ­ une photo, ad nauseam... Même signées de grands chefs, les recettes sont souvent bâclées : il manque des ingrédients, ou alors les proportions ou temps de cuisson sont inexacts. Ou encore, l'amateur novice est censé puiser à volonté dans sa provision de caviar et de truffe blanche. Dernière mode, en ces temps où le maniérisme fait fureur, il est prié d'avoir à sa disposition deux ou trois appareils professionnels à mille euros (pièce), à moins qu'il ne lui faille, pour réussir un plat, impérativement dénicher les baies roses d'une plante que seuls les chamans ont le droit de récolter au sommet du mont sacré de Tovkhon Khan (Mongolie).

Professionnels. Certains chefs, comme Guy Martin ou, tout récemment, Guy Savoy, prennent désormais le contre-pied en jouant le jeu de la simplicité, de la cuisine de tous les jours et des tomates farcies entre amis. D'autres, a contrario, semblent vouloir laisser leur marque dans l'Histoire, en faisant dans le monumental. Le premier, Alain Ducasse a pondu un véritable traité culinaire d'un millier de pages, qui est davantage destiné aux professionnels. Pierre Gagnaire et Marc Veyrat ont suivi, dans des ouvrages beaucoup plus beaux, dans lesquels la philoso