Lors de son triomphe à Cannes en 2003, Gus Van Sant expliquait que son Elephant avait deux origines : le massacre au lycée de Columbine en 1995, et un moyen métrage de 1989 intitulé Elephant. Si l'on a beaucoup glosé sur l'utilisation du fait divers, le téléfilm du Britannique Alan Clarke était curieusement passé à la trappe du discours critique. Lacune réparée par l'édition DVD qui, en rassemblant les deux Elephant, montre ce que Van Sant doit à Clarke : les longs travellings qui épousent les déplacements des personnages, le refus d'expliquer la violence (les lycéens qui abattent leurs condisciples remplaçant des inconnus qui exécutent froidement un passant, un joueur de foot, un pompiste, etc.). Mais l'Américain se démarque de l'Anglais par sa caméra plus sensuelle, par ses ralentis oniriques et, surtout, par son humanité : l'affection de Van Sant pour les adolescents est manifeste, alors que Clarke décrivait un monde abstrait où les personnages étaient muets, anonymes.
La grande douceur de Van Sant, saluée par ses interprètes, se retrouve dans le making-of du film ainsi que dans un entretien inédit où le réalisateur dit son admiration pour Frederick Wiseman («un documentariste très attentif qui permet aux gens d'être eux-mêmes») et explique avoir voulu filmer «les moments de vie des lycéens habituellement négligés» par le cinéma. On laissera le mot de la fin à une élève de terminale, interrogée dans son lycée de Boulogne. Etonnée mais ravie que l'Education nationale ait do