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Libération
Critique

Le chant d'un cygne

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publié le 7 mai 2004 à 0h31

Disons-le très vite : Ciao ! Manhattan est un film laid. En même temps qu'un objet indispensable, que l'on garde contre soi, égoïstement. On s'explique. En 1967, Edie Sedgwick, petit faon blond platine dont la beauté venait d'enflammer le tout New York pop (de la Factory d'Andy Warhol à Vogue, de Bob Dylan à la maison Chanel), commence à être salement accro à toutes les dopes possibles et imaginables : son cocktail favori est un mélange d'amphétamines, de cocaïne et de champagne saupoudré d'une bonne dose d'hystérie permanente et d'égocentrisme délirant.

Loque.

Abandonnée par Warhol au profit d'autres icônes, elle rencontre deux apprentis cinéastes qui lui proposent de faire un film dans le style du maître, mais en plus réaliste et vaguement porno, un «real réel» qui serait comme sa rédemption. Commencent alors à se tourner un nombre incalculable de séquences sans grand lien les unes avec les autres, capturant la confusion de la fin du pop art et l'aurore du mouvement psychédélique. Puis Edie, un matin, disparaît dans la nature.

On la retrouve deux ans plus tard, le tournage reprend : la chrysalide blonde au corps maigre est devenue brune, un peu squaw, ses seins sont refaits. Côté chimie, ça carbure si fort qu'Edie a tout d'une loque. Palmer et Weisman tentent de raccorder deux époques antinomiques. Le fil conducteur sera l'amertume : Warhol, la came, Paul America, la dépendance sexuelle, sa famille aux penchants incestueux et suicidaires... Lâchée dans une logorrhée éthylique