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Libération
Reportage

Graines de chaos

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Au 13e Festival de Chaumont-sur-Loire, botanique rime avec mathématiques. En jouant sur les formes aléatoires, les paysagistes explorent les turbulences de la nature.
publié le 28 mai 2004 à 0h49

Chaumont-sur-Loire (41) envoyée spéciale

De sombres arbres longilignes gigotent de manière saccadée dans tous les sens, comme ballottés par une bourrasque très localisée. Il n'y a pas un souffle de vent. Ils annoncent immédiatement la dynamique du 13e Festival international des jardins de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher) traversé cette année par le «Chaos». En s'approchant de cette drolatique parcelle, «Dés/ordonnance» (Canada), on comprend mieux l'astuce ! Des thuyas effilés et des buis ronds en pots sont disposés sur un damier régulier, mais chaque case est à bascule. En évoluant sur cette surface-balançoire, qui s'incline dans tous les sens comme un tohu-bohu visuel et légèrement sonore, on peut rétablir l'équilibre.

Certes, il ne s'agit pas d'illustrer ici le «chaos» au sens de «confusion», mais dans sa dimension d'abord mythique, celle du vide obscur originel. Et dans sa dimension scientifique surtout, la théorie du chaos, née dans les années 70, qui prendra vraiment son essor avec l'informatique. Le chaos, c'est la «rupture avec le déterminisme prédictible», précise Olivier Dauchot, physicien chercheur au CEA (1). Mais «le déterminisme peut se cacher derrière les phénomènes apparemment les plus désordonnés. Et la quête de l'ordre dans le désordre peut continuer». Rassurant ! «Il faut rompre avec l'idée que le monde est régulier, explique Jean-Paul Pigeat, créateur en 1992 de ce festival. Ce n'est pas une appréhension négative du monde que nous proposons mais un changeme