Menu
Libération
Critique

La Pataugas sort du désert des tatanes

Article réservé aux abonnés
publié le 28 mai 2004 à 0h49

Sur jambes poilues et chaussettes qui grattent, c'était le style un Taxi pour Tobrouk. Sur gambettes épilées et jupe plissée Miu-Miu, ça serait plutôt fashion addict sortie des pages de Vogue. La Ranger du boy-scout, dites la Pataugas, revient après vingt ans de pataugeage. Reprise en novembre 2000 par le groupe Vivarte (Weston, Kookaï, André, Minelli...), la Pataugas 2004 est beaucoup plus Colette que Vieux Campeur : cuir végétal argenté, montante sous le genou, à la Birkenstock ou rose flashy... Ironique conversion : le brodequin beigeâtre, costaud, léger, rapide à sécher est au départ porté par le militaire en guerre (Algérie, Indochine). Les revues militaires de l'époque saluent l'invention d'une semelle à base de caoutchouc durci. La formule : pâte de caoutchouc chauffée au gaz... Une pâte au gaz... Pataugas !

Nom commun. La trouvaille est sortie du crâne de René Elissabide. Cet industriel de Mauléon (Deux-Sèvres), berceau de l'espadrille, décide en 1950 d'introduire dans la fabrication de la chausse locale de nouveaux matériaux, comme le caoutchouc, pour les coudre à la toile. Afin de faire connaître cette hybride chaussure, René se lance dans une campagne de pub grandeur nature, enrôlant quatre Che (rien à voir avec Guevarra mais la racine typiquement basque du nom de famille) qui parcourent alors toute la France, évidemment Pataugas aux pieds. L'affaire fait grand bruit : rien qu'au Vieux Campeur (Paris, Ve arrondissement), l'horreur (le look : pied plat sur crampon e