Le conflit irakien aura au moins eu pour conséquence positive de sceller l'alliance inattendue de l'Internet et d'un activisme pacifiste supposé moribond depuis les années 70. Plus d'un an après la fin proclamée de la guerre en Irak paraît Peace Signs, le mouvement antiguerre illustré, un «échantillon» de 200 images en provenance de 22 pays, très représentatif du renouveau activiste graphique. James Mann, à l'origine de ce livre férocement illustré, en est le parfait représentant: ce designer américain partage son temps entre Francfort et Barcelone, a bossé dans la pub, la mode et pour une boîte de skate et surf en Californie... Un pur produit du «global», comme l'éditeur, suisse, qui propose le livre en version trilingue (anglais, allemand, français).
Avant et pendant le conflit, l'Internet, support d'une mobilisation massive et non-hiérarchisée, a fonctionné à plein pour la circulation de pétitions, l'organisation des manifs et les réserves de stickers et d'affiches politiques, le tout à des niveaux de connexion rarement atteints sur les sites militants. C'est aussi la première vraie sortie du réseau pour une génération digitale s'affichant dans la rue, sur les murs et les T-shirts, d'une manif berlinoise à un sit-in londonien. Point culminant de cette résistance graphique, le 15 février 2003, la «manif monde», qui a mobilisé 8 à 12 millions de personnes dans 600 villes. D'un continent à l'autre, mêmes slogans anti-Bush, la même tendance à la caricature stigmatisant les arr