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Usual prospect

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publié le 28 mai 2004 à 0h48

La prospective est une fonction vitale du monde des jeux vidéo. Elle n'est pas simplement là pour dessiner un horizon d'utopie sur l'imaginaire des joueurs ou pour motiver les investissements des financiers en leur faisant miroiter un futur de rentabilité éternelle. La prospective, c'est l'oxygène quotidien par lequel le monde perpétuellement gestatif du jeu vidéo façonne chaque jour sa propre forme. Par les croquis qu'elle jette, l'anticipation informe au fond davantage sur l'état présent des choses et des mentalités que sur leur probabilité à venir. C'est en ce sens qu'elle est capitale : son futur est indicatif. On en sait en vérité trop peu sur le jeu vidéo ici et maintenant pour se permettre de ne pas y réfléchir...

Le principal souci avec la prospective, c'est qu'elle est beaucoup trop importante et stratégique pour être laissée aux seuls industriels, dont elle reste souvent la prérogative. Mais on aurait mauvaise grâce à leur reprocher de monopoliser un débat que les joueurs, dans leur ensemble, désertent.

Depuis de nombreuses années, un constructeur comme Sony cogite officiellement sur le thème de la convergence entre cinéma et jeux vidéo. La compagnie a d'ailleurs organisé en plein Festival de Cannes une conférence sur ce sujet, qui témoignait au moins d'une belle audace : un petit parfum de provocation ludique dans le temple du cinéma «high art». Pour la multinationale, cette réflexion est pratiquement une religion du salut : elle produit à la fois des films, de la m