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Libération
Critique

«Tiresia», plein les yeux

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publié le 4 juin 2004 à 0h55

Absent du palmarès de Cannes 2003, Tiresia était pourtant l'une des rares alternatives crédibles à Elephant pour l'obtention de la palme d'or. Un an après, et à peu près au même moment que la chronique adolescente de Gus Van Sant, le troisième long métrage de Bertrand Bonello sort en DVD. Il faut saluer ici le courage des indépendants d'Antiprod de redonner une chance à ce film difficile mais admirable, refusé par tous les autres éditeurs vidéo. Et espérer dans le même temps que les grandes surfaces culturelles n'enferment pas Tiresia dans le ghetto de leurs rayonnages «gay & lesbien».

Lave en fusion. Même si son héros est un transsexuel (adaptation contemporaine du mythe antique de Tirésias, le devin de Thèbes qui changea deux fois de sexe), le film de Bonello n'a en effet rien à voir avec les fictions communautaires ­ et souvent médiocres ­ habituellement réunies par Antiprod dans sa collection Cinégay. Tiresia est un grand moment de cinéma ouvert vers l'absolu, hanté par les influences croisées de Pasolini et de Bresson. Une expérience radicale et esthétiquement renversante pour le spectateur. Le générique surprend d'entrée par des plans de lave en fusion aux sons lyriques de la Septième Symphonie de Beethoven («J'aime bien l'idée qu'un film n'a pas de rapport avec ce qu'il y a en dehors de la salle, que ce soit une boîte, et cette séquence inaugurale permet de rentrer dans la boîte», expliquait joliment Bonello à Libération l'an dernier). Avant que le film suive le destin