Bastille, rue de Lappe. La rue des soiffards parisiens et des bars à touristes. Entre une devanture défigurée par des affiches antédiluviennes et un irréductible restaurant auvergnat, une boutique laquée de blanc fait tache. Au fond de celle-ci, deux DJ se relaient en ping-pong sur les platines. Devant eux, un nerd chevelu s'éclate à Grand Theft Auto sur Xbox. A ses pieds, Pépé le bull-terrier, mascotte locale aussi langoureuse qu'effrayante, bave sur une manette. Dans la cabine d'essayage, une jeune femme enfile un des marcels Misericordia présentés en vitrine. Seules les trois personnes qui se font ratiboiser la couenne en bavardant au milieu de la boutique rappellent que nous sommes dans le salon de coiffure la Chambre à Hair. Impression vite effacée lorsque le serveur du troquet d'en face apporte à cette société impavide un plateau de bières fraîches. De midi à 20 heures, l'ambiance de cette échoppe est celle des salons de beauté où l'on se rend pour le plaisir de ragoter. On ne peut pas être plus éloigné de ces enseignes industrieuses où l'on coupe au kilomètre du tif à la mode.
«Easy living». Imaginée il y a deux ans par Pierrick et Andrea, 34 ans, la Chambre à Hair cultive son atypie. Monté de province il y a huit ans, le premier multiplia les mois d'essais dans les salons de la capitale. Juste assez pour savoir ce qu'il voulait : bichonner ses clients avec un égard tout particulier pour le cadre de travail. En attendant des jours meilleurs pour mettre la main sur un e