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Libération
Critique

Pains, humour et fantaisies

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publié le 11 juin 2004 à 1h00

Des baguettes croustillantes accrochées aux parois vitrées de la Fondation Cartier font office de stores. Ce décor est l'oeuvre de Jean-Paul Gaultier qui, six ans après Issey Miyaké, réalise ici une création originale. «Je n'aime pas l'idée de rétrospective, c'est un ami, Souhed Nemlaghi, qui m'a suggéré cette l'idée », assure le couturier. D'où la transformation de ce vaisseau de verre en boulangerie. Au rez-de-chaussée, déferlent des compositions abracadabrantes : robe panière en osier d'où s'échappent les pétales d'une traîne en tranches de pain complet, sac Kelly dont la croûte bien cuite rappelle la patine du cuir. On reste un peu sur sa faim ; on aimerait voire plus de modèles. Passé l'effet gag, ces belles pâtes blondes se font sensuelles et l'installation dégage une grande beauté ; on reste sous le charme de la monochromie sereine et dorée des pièces caressées par le soleil. S'en tenant à la boulange, évitant les dérives pâtissières, les robes pièces montées dégoulinantes de chantilly, Jean-Paul Gaultier esquive l'écueil du kitsch.

Derrière cet exercice de style branque et la prouesse technique gratuite, pointe une jolie réflexion sur l'artisanat, le savoir-faire. Pour lui, les boulangers ont pétri des formes d'après croquis, de la même façon que les ateliers de couture réalisent des toiles. Son exposition trace des parallèles entre gourmandise et coquetterie, et offre un discours sur la mode plus instinctif, à mille lieux des prises de tête conceptuelles style «art e