Menu
Libération
Critique

Amitié à cultiver

Article réservé aux abonnés
publié le 18 juin 2004 à 1h06

Comment tuer le temps quand on vit coupé du monde extérieur ? En s'achetant un ami par exemple. Le site disposablefriends.com vend des amis à la carte, à cultiver chez soi : «Que vous ayez besoin d'un compagnon, ou d'un assistant, disposablefriends. com offre une large gamme d'amis qui ne vous ennuieront pas et qui s'adapteront à votre mode de vie et vos humeurs», promet le site. La démarche est enfantine, il suffit d'aller visiter la galerie pour voir les amis disponibles, cliquer sur celui qu'on veut, le customiser à sa guise et passer à la caisse. L'embryon est livré à domicile, dans les plus brefs délais. Un mode d'emploi explique comment faire pousser son ami, en le trempant par exemple dans un bocal de Zinc, pour celui baptisé Zinc Dude, petite boule de viande informe aux grands yeux tristes, «le plus amical de tous», d'après le site. C'est la cruelle histoire de Zinc Dude que raconte le réalisateur Neil Coslett dans son court métrage d'animation Killing time at home, sélectionné au Festival d'Annecy. Dans cette satire de la société de consommation, les amis se jettent comme des Kleenex pour peu que l'on s'en lasse.

Partenaire de Pong. Coslett dépeint le quotidien d'un nerd, reclus derrière les rideaux tirés de sa chambre, qui s'ennuie et se connecte à ce site providentiel pour se trouver un partenaire de Pong. Une partie de Monopoly, une course de voiture et un vol en sac plastique plus tard, Zinc Dude est relégué aux oubliettes en faveur d'un autre «ami jetable». Le f