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Libération
Critique

Chorégraphies domestiques

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publié le 18 juin 2004 à 1h06

Ramona Poenaru est une frêle jeune femme qui brouille merveilleusement les pistes. Cette artiste multimédia invite à des performances dans des conditions d'exposition extrême : seule face au public, elle monte de drôles de leurres techno, faisant passer sa chorégraphie pour une danse à la webcam, montrant des poils pubiens alors qu'elle est habillée, faisant croire à une débauche techno alors que tout est préenregistré.

Venue de Transylvanie pour étudier les Arts-Déco à Strasbourg, elle participe à «Una Settimana», une semaine d'interventions artistiques à Strasbourg. Pour cette rencontre entre artistes et habitants, c'est un projet qu'elle dit «bercer» depuis deux ans, E-tranches d'appartements, qu'elle présente. «C'est parti d'un regard quasi obsessif que je portais sur l'immeuble d'en face. J'avais envie d'en faire quelque chose qui relie tous ses habitants de façon étrange et irréelle, tout en restant dans la normalité du quotidien.» Les familles du quartier ont ouvert leur porte à Ramona et à sa caméra, qui les a transformés en vrais-faux webcamés, ces accros de la «web-réalité»... «J'ai essayé de surprendre des gestes et actions "normales", habituelles, en leur demandant généralement de faire ce qu'ils auraient fait de toute façon si je n'avais pas été là.»

La «chorégraphie domestique» qu'elle en a tirée sera montrée sur un écran divisé en 9 cases. Double clin d'oeil à la Vie mode d'emploi de Perec et aux interfaces exhibos du Net. Elle lance aussi Tendre linge, invite à