Dans une rue de Bastille (Paris), sur une route près de Valence (Drôme) ou une highway de Los Angeles (Californie), deux ou trois lascars, blacks, rebeus ou white trash, sont affalés dans une Subaru Impreza. A moins que ce soit une Peugeot 306 surbaissée, jantes 18 pouces. Ou une VW Golf Autotech. Ils roulent lentement, vitres baissées. Ils font du cruising. A chaque mètre parcouru, un beat énorme fait trembler la caisse. Le sol et les passants tremblent sous ce double effet boom bass. Ces scènes ordinaires célèbrent le lien magique entre le son et l'auto. Tout l'imaginaire du road movie américain repose là dessus, de Thelma et Louise à Stranger than paradise. Les compilations genre On the road again se vendent là-dessus. Mais ce son n'était que pure BO d'accompagnement du trajet, défilant comme un film sur le pare-brise. Avec le développement du tuning, des voitures de série transformées en monstres de puissance, il est devenu un organe à part entière. Un organe vital. Les installations stéréo valent souvent en sophistication les postes de contrôle atomique de l'US Army. Anthropomorphisée comme Christine chez Stephen King/John Carpenter, la voiture dispose d'un puissant organe vocal bien à elle. Quand le fan de tuning met Benny Benassi à fond, c'est moins pour l'écouter que pour le faire écouter à la terre entière. Le son constitue alors «une sorte d'émanation de la voiture elle-même, écrit Michel Chion, une substance semi-palpable entourant celle-ci d'un halo (...) que le
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