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Libération
Enquête

Le bal des mutants

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Mélange ahurissant de théories politiques, croyances new age, pratiques corporelles ou sexuelles, la contre-culture née sur le Net grignote la société. Laurent Courau en fait le tour dans un livre d'interviews.
publié le 25 juin 2004 à 1h11

Un Dantec prophète du pourrissement de la société y côtoie un «Volontaire de l'extinction de la race humaine» (pour sauver la Terre). Un ancêtre des antipub du Billboard Liberation Front succède à un adepte des modifications corporelles tandis qu'une égérie du cybersexe revient sur ses premières expériences et qu'un pionnier de la scène sadomaso, Francis Dedobbeleer, explique qu'il se bat «pour sortir le SM des ornières élitistes et des stéréotypes politiquement corrects». Cette panoplie de l'étrange n'est qu'un tout petit échantillon de Mutations pop et crash culture, première incursion française dans l'underground à la sauce digitale.

De cet inframonde peuplé de créatures mutantes, de visions millénaristes et de libertarisme, miné d'activisme artistique et social où il est devenu son propre média depuis plus de dix ans, Laurent Courau a tiré une quarantaine d'interviews. Et préfigure un mix de cultures hybridant corps et machine, sexe et genre, comme autant de tentatives de repousser les limites de l'enveloppe corporelle, des cyberféministes qui vantent le cyborg qui les délivrera du machisme jusqu'aux vampyres (le «y» est employé pour les distinguer des créatures de SF) aux «crocs sur mesure» et à l'alimentation partiellement sanguine. Vu sous cet angle, l'Internet est un vrai repaire de dingues, «un grand cirque millénariste», dit Laurent Courau, fondateur de la Spirale, d'abord fanzine puis webzine (depuis 1995). Qui déborde largement de l'Internet pour toucher des pans