Les festivals de musique sont souvent de familiales parties de campagne auxquelles on assiste assis sur l'herbe, un gobelet de bière à la main. C'est souvent fort agréable. Mais Arles, c'est autre chose. Les lieux d'abord imposent leur présence : le monumental théâtre antique, la charmante cour de l'Archevêché pour les concerts de fin d'après-midi. Arles est aux musiques du monde ce qu'Aix est au lyrique : l'ambiance est recueillie, le public, connaisseur, la programmation, exigeante, qui propose découvertes, rencontres inédites, événements.
L'événement de la neuvième édition des Suds est une création qui mêle le flamenco des gitans d'Espagne au qawwali des musulmans du Pakistan. Qu'ont en commun les deux genres ? Beaucoup et très peu. Le qawwali est un chant dévotionnel, alors que le flamenco est rarement religieux : les saetas, inspirées par la passion du Christ, ne se chantent que le vendredi saint.
Mais les deux traditions exigent du chanteur une plongée à l'intérieur de soi. Dans les deux cas, et de façon exceptionnelle, le surnaturel s'en mêle : on parle de taarab quand l'interprète de qawwali s'enivre de son chant, approche l'extase mystique et emporte l'assistance dans son ravissement. Dans le flamenco, le duende se manifeste quand le temps s'arrête, que le cantaor cesse d'être lui-même pour devenir le chant pur.
La rencontre entre Duquende, Poveda et Faiz Ali Faiz a déjà eu lieu, une seule fois : le 6 juillet 2003, dans le cadre onirique du Teatre Grec de Barcelone, su