Cheng Pei-pei n'a sans doute plus l'agilité qui lui permettait d'incarner des personnages capables de transpercer deux adversaires d'un seul coup de sabre. Mais à 57 printemps, la belle de Shanghai possède toujours le sourire pétillant et la grâce féline qui firent d'elle la superstar du cinéma asiatique à la fin des années soixante. Au début de l'été, la «dame d'épée» était en France à l'invitation du festival Paris Cinéma qui lui rendait hommage. Et deux de ses films marquants viennent de sortir en DVD dans le cadre de la remarquable collection «Les essentiels de la Shaw Brothers» (Libération du 9 avril): l'Ombre du fouet, son avant-dernière apparition à l'écran dans une production de Hongkong, et, surtout, l'Hirondelle d'or.
Déguisée en garçon. Ce film de King Hu, considéré comme le chef-d'oeuvre du cinéma de sabre chinois, a lancé la carrière fulgurante de Cheng Pei-pei, malgré les réticences initiales du patron du studio. «Run Run Shaw, le directeur exécutif du studio, ne croyait pas à l'Hirondelle d'or, affirme l'actrice. Selon lui, les femmes au cinéma devaient toujours être superbement habillées, et être cantonnées à des rôles d'amoureuses. Or, je suis déguisé en garçon pendant la moitié du film et je me bats mieux que les hommes!»
L'actrice n'a pris véritablement conscience de sa popularité que lors de son départ précoce à la retraite, en 1973, pour épouser un Californien: «Comme la plupart des artistes en contrat avec la Shaw Brothers, je sortais rarement du complexe