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Libération

Le scénic sifflera trois fois

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publié le 3 septembre 2004 à 1h59

Parmi les motifs d'agacement de l'été, le spot pour la Renault Scenic. Matraqué partout, il met en scène un facteur en uniforme dans une esthétique très peinture à l'eau. Celui-ci propose de faire du Scenic «votre nouvelle adresse». Paradoxalement, le célèbre monospace familial, désormais successeur officiel de la «bétaillère à cathos», se transforme aussitôt dans notre inconscient en vulgaire 4L fourgonnette jaune de La Poste. Etrange. Mais l'essentiel n'est pas là. Ce qui titille ici en effet le nerf auditif, c'est avant tout le très entêtant sifflement qui en constitue la bande-son. Grassement réverbérée, sautillante comme un chant sexuel d'oiseau dans l'aube mordorée, primesautière et gnagnagna comme une comptine enfantine de rentrée, cette ritournelle développe à l'usage, voire à l'usure, d'incroyables qualités. Le Net est d'ailleurs saturé de messages apoplectiques du type «Mais qui va me dire enfin quelle est cette musique ?» D'où vient donc cet intempestif ­ quoique très ensorcelant ­ serpent qui siffle dans nos têtes ? Ce thème convoque en tout cas des images très contradictoires. Une discrète sortie de prison dans le brouillard de Lino Ventura emmitouflé dans un José Giovanni vintage. Ou une morriconerie légère, genre Eastwood mâchonnant un bâton de réglisse sur la branche d'un arbre mexicain chez Sergio Leone. Mais on n'y est toujours pas. Avant d'atterrir dans un spot Renault, ce pépiement-sifflement a fait un voyage aussi tortueux que son thème. S'il nous dit à