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Libération

Les clowns

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publié le 3 septembre 2004 à 1h59

C'est dans Paris-Match du 26 août, avant la vie des étoiles et des morts. Sous le titre : «Trois plumes se réincarnent», trois auteurs figurent en pages 3, 4 et 5, des personnages de cire en costumes d'époque. Pour la photo, laide comme une affiche de théâtre de boulevard, ils ont mis les panoplies des écrivains qui inspirent leurs nouveaux livres. Patrick Poivre d'Arvor, menton en main et regard patiné de fausse pénétration, est déguisé en lord Byron ; il publie Vie et mort de Don Juan (Albin Michel), roman dans lequel on a greffé le cerveau de Byron sur un comédien. Malheureusement pour Poivre (mais heureusement pour son public), on ne lui a pas greffé son style. Philippe Besson, mains croisées devant le bassin, costumé en élève sage du second Empire, joue à Rimbaud ; il publie les Jours fragiles (Julliard), où il tient le journal de la soeur du poète quand celui-ci va mourir. A l'hebdomadaire, il raconte la destinée de Rimbaud et conclut par ces mots : «C'est tentant d'essayer de s'approcher de ça, non ?» Pierre Combescot, main sur l'épaule gauche et revêtu d'une toge, a l'air d'une matrone romaine dépourvue de perruque ; il publie Ce soir on soupe chez Pétrone (Grasset), où il se glisse dans la peau de l'auteur du Satiricon et imagine chez lui une soirée mondaine. La photo des trois n'est pas seulement grotesque : elle est utile. Elle rappelle que, pour toucher le grand public, des auteurs sont prêts à tout ; et d'abord, et avant tout, à saboter l'image des écrivains qu'