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Enquête

La bit génération

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Le baladeur numérique d'Apple fait imploser la planète son. Non seulement il modifie l'écoute de la musique, mais il change aussi les manières de la créer et de la distribuer. Enquête.
publié le 17 septembre 2004 à 2h11

Sur la carte imaginaire de la modernité, il se situe à l'exacte confluence de la technologie, de la branchitude et du design. Un magazine anglais l'a intronisé «truc le plus cool en provenance de Californie depuis les Beach Boys», et, pour l'hebdomadaire américain Newsweek, il s'agit carrément d'une «icône culturelle qui change la vie». A tel point qu'il pourrait renvoyer le compact disc au rayon des antiquités, et incarner une nouvelle ère futuriste, totalement digitale, où nous évoluerions dans un univers blanc nacré comme sa coque en plastique. Horreur ? En quelques mois pourtant, l'iPod, le baladeur numérique d'Apple qui peut contenir jusqu'à 10 000 chansons, est devenu l'un des «must have» du monde occidental. De votre voisin de métro à David Beckham, de l'art contemporain à Alicia Keys, l'iPod s'arrache chez les stars en même temps qu'il se démocratise. En moins d'un an, de la mi-2003 à juin 2004, Apple affirme en avoir vendu 3,7 millions dans le monde.

Sans être l'unique baladeur numérique alentour, l'iPod est celui qui symbolise le mieux la révolution en cours ; il nous donne une idée de la façon dont s'échange et s'organise la musique aujourd'hui, et dont elle sera peut-être conçue demain. «Il ne s'agit pas de nostalgie ni de passéisme, mais de lucidité : l'univers musical que nous connaissons va disparaître», pronostique Jean-Louis Murat dans nos pages. Etat des lieux.

L'objet «jamais fabriqué». Voilà un moment que les maisons de disques, plus occupées à se lamenter