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Libération

La règle du jeu

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publié le 17 septembre 2004 à 2h11

Quand, pour déclamer quelque grandeur, il se promène en forêt de presse, Dominique Galouzeau de Villepin ne sort jamais sans ses gardes-chasse. Ils sont nombreux, renouvelables, tous semblables dans l'admiration qu'ils lui portent et dans l'emphase qu'il leur communique. Ils vont de part et d'autre du grand homme, têtes basses, verbe haut, chapeaux en main, armés de lourds fusils à cire-pompe. Le plomb qui en sort heureusement ne tue pas. Ces temps-ci, les gardes-chasse se nomment Plenel Edwy et Rouart Jean-Marie. Ils sont fidèles, enthousiastes. Ils oeuvrent avec témérité. Le premier, directeur de la rédaction du Monde, ouvre la haie des notables dans son journal du 9 septembre ; le second, écrivain, rabat au même moment un gibier grand public dans Paris-Match, où il est pigiste de luxe et d'émotion. L'occasion est un nouveau livre du maître ministériel, intitulé le Requin et la mouette. C'est le titre d'un poème de René Char. Comme tant de mauvais poètes et de faux écrivains confondant style et emphase, Villepin raffole de René Char. Le poète de L'Isle-sur-la-Sorgue portait en lui sa caricature : il a une redoutable postérité marbrée. On dirait parfois qu'il a légué ses aphorismes à des sourds philharmoniques. Ils enflent avec ses mots et n'avalent ses perles que pour recracher des crapauds. Au-dessus de l'article de Plenel Edwy, un long passage du pathétique ouvrage en témoigne : rarement tant de mots auront donné si peu de phrases. En résumé, il semble qu'il soit questio