Jusqu'à présent, les admirateurs français de Kenji Mizoguchi devaient soit guetter fébrilement une éventuelle diffusion de ses films sur les chaînes câblées, soit se ruiner en DVD importés du Japon ou d'Angleterre. Dans ce contexte, la publication simultanée de neuf longs métrages du maître nippon, même dans des copies parfois un peu fatiguées, s'apparente à une drogue dure. En découvrant ces deux coffrets, on se retrouve d'ailleurs dans le même dilemme que face à une boîte de grands chocolats : par quel chef-d'oeuvre commencer ? Le Héros sacrilège et son incroyable richesse chromatique (malheureusement mal restituée par le DVD) ? Les Contes de la lune vague après la pluie et sa cohabitation troublante entre réalisme et fantastique ? La Vie d'O-Haru, femme galante et son portrait de femme parmi les plus beaux du cinéma ? La Rue de la honte et sa vision sans fard de la prostitution, le grand thème qui court à travers toute l'oeuvre de Mizoguchi ? On devine également l'embarras de Noël Simsolo quand il lui a fallu concevoir les bonus de ces DVD : que dire de neuf sur celui que Jean Douchet et bien d'autres considèrent comme «le plus grand cinéaste du monde parce qu'il gomme systématiquement tous les effets», surtout quand un Claude Chabrol assure que le «problème de Mizoguchi, c'est qu'il n'est pas analysable» ?
Causerie. On craint franchement le pire devant la causerie cinéphile de Simsolo et Douchet : vingt-six minutes d'un dialogue de sourds filmé en plan fixe, à décourager