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Libération
Critique

Mutations à l'oeuvre

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publié le 17 septembre 2004 à 2h11

La caméra rase les façades des immeubles, jetant un oeil indiscret par les fenêtres, enregistrant amoureusement les silhouettes qui se profilent dans les cadres, nostalgiques saynètes d'un quotidien révolu. Pendant cinq ans, Hendrick Dussolier s'est rendu presque tous les mois dans la Ribera, quartier populaire de Barcelone en voie de réhabilitation, pour immortaliser les bouleversements en cours sur la pellicule. Alors étudiant aux Arts-Déco de Paris, ce fils d'émigrés espagnols désireux de renouer avec ses racines, part pendant quatre mois dans la capitale catalane pour un échange Erasmus. «C'était en 1999. Après avoir assaini le Raval, le fameux quartier chaud de Barcelone, la Ribera, avec ses bâtisses vétustes et ses ruelles étroites, peuplés d'immigrés, était en train de subir le même sort. J'ai rencontré quelqu'un qui habitait ce quartier populaire de la vieille ville, et j'y suis retourné très régulièrement depuis.» Hendrick traîne sur les chantiers, esquive les gardiens, entre clandestinement dans les immeubles abandonnés, explore les décombres et prend «des tonnes» de photos et de vidéos. «Au départ, j'ai eu envie de faire un témoignage quasi journalistique sur les mutations du quartier, je passais beaucoup de temps avec les associations antidestruction. Si on analyse froidement la situation, ces transformations étaient inévitables. Mais moi, je faisais partie de ces romantiques qui pensaient qu'il ne fallait rien toucher.» Après un projet de CD-Rom où il documente