Provocation numéro un : Doom 3 est un échec. Pas en termes de marketing, évidemment, si l'on en juge aux pyramides de coffrets rouge sang dans les allées commerciales. L'échec est d'image : après des années d'attente, la sortie de Doom 3 n'a pas été saluée par les bravos du triomphe attendu. Au contraire, la communauté des joueurs éprouve les délices amers d'un sentiment déceptif. Trop longtemps entretenue, infiniment différée, la promesse d'un troisième volet au FPS de référence mondiale est pourtant tenue. Mais mal. Et trop tard.
Provoc' numéro deux : les échecs sont parfois de bonnes nouvelles et témoignent d'intéressants symptômes. La façon dont est aujourd'hui reçu Doom 3 nous en apprend plus sur les attentes des joueurs, même les plus opaques, que sur la réalité d'un titre peu critiquable sur le fond. Doom 3, de ce point de vue, remplit certainement son programme : jeu de tir réflexe, anxiogène et brutal, il capitalise les acquis des volets précédents avec une fidélité docile.
La frustration de nombreux joueurs à son endroit est en fait révélatrice de leur propre évolution : ils ont changé plus vite que les développeurs de la série, ils ont mûri d'une manière plus complexe et sophistiquée que le jeu lui-même, dont les seules mutations notables sont techniques. Doom 3 fait preuve d'une pauvreté conceptuelle gênante. La monotonie de l'action, la quête effrénée d'un réalisme «cinématographique» superflu, l'attention démesurée portée à la vraisemblance des personnages, un ga