Et si l'intégration sociale passait par le meurtre ? C'est la morale de la fable contemporaine Elle est des nôtres. Un premier film aussi impressionnant par sa dureté («Ce n'est pas de ma faute, plaide Siegrid Alnoy, c'est le monde qui est comme ça») que par sa forme hypertravaillée (espaces vides, formes angulaires, teintes grises bleutées). «Toutes les histoires ont déjà été racontées, c'est la manière dont on les raconte qui compte», assure la jeune cinéaste qui travaille à l'adaptation de Maison d'arrêt d'Edward Bond («Une pièce qui interroge la puissance qu'a l'homme de suspendre son humanité»), tout en rêvant de littérature : «Si je parviens à écrire un livre, c'est ce dont je serai le plus fière.» Remarqué à la Semaine de la critique de Cannes en 2003 mais découvert par seulement 25 000 spectateurs en France après une sortie en salles trop discrète, Elle est des nôtres bénéficie d'une belle deuxième chance sur DVD. Où, sur les figures obligées des bonus, l'exigeante Siegrid Alnoy parvient à se montrer aussi originale que son film.
Le making-of. «Je n'aime pas le terme de making-of, précise d'emblée la réalisatrice, je préfère "d'après le tournage".» C'est une suite de scènes sans commentaire ni explication, mystérieuses, presque hypnotiques. Des images tournées à titre personnel par le comédien Carlo Brandt, «comme des archives qui seraient de l'ordre du sensible et non de la trace historique», explique Siegrid Alnoy : «C'est une fiction autour du regard d'Elle est des