Il est certes plus élégant de s'avouer ignorant que de se prétendre intelligent. Il faut dire que l'idiotie, version Jean-Yves Jouannais (acception étymologique et dada : idiotes, singulier et forcément décalé), est dans l'air du temps. Et pour ceux qui auraient du mal à saisir les vertus de l'antiphrase, Inculte est sous-titré «revue littéraire et philosophique». Aussi, une publication «à mi-chemin entre la revue et le magazine», qui consacre son premier dossier à W.G. Sebald, ne peut pas être totalement inintéressante. Vila-Matas se souvient des conférences de l'auteur des Emigrants sur le silence coupable autour de la barbarie des bombardements alliés sur l'Allemagne. Et dégage, au-delà de la fascination pour la disparition qu'avait l'écrivain allemand mort en 2001, une véritable éthique : «Les traces laissées par sa littérature composent un genre de poétique de l'extinction qui pose au premier plan la consternation de l'écrivain lorsqu'il comprend que tout à côté se déshumanise ou disparaît, que l'Histoire elle-même disparaît.» Oliver Rohe pose les questions d'identité que suscite le statut d'exilé de ses personnages et souligne «l'impossibilité pour eux de trouver leur place dans le monde». A côté du dossier, un long entretien, avec William Gibson (l'inventeur du «cyberespace»), qui rappelle que le travail de l'auteur contemporain, même de SF, est de «modéliser le présent que personne n'ose imaginer» ; des «interventions», de Claro sur Vollmann, des «récréations», notam
Critique
Inculte d'esprit
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par Sean James ROSE
publié le 8 octobre 2004 à 2h30
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