Karl Lagerfeld nous le disait récemment : «La bimbo de luxe commence à faire ses valises» (Libération du 24 septembre). Au vu des derniers défilés, elle a carrément pris ses cliques, ses micro-jupes en lézard, ses cuissardes vintage et ses lunettes dorées à mille euros pour rejoindre le cimetière déjà bien rempli de la hype. Apparue la décennie précédente, la créature aura subi plusieurs modifications génétiques: adepte du porno chic au pubis épilé en G (comme Gucci), ado du XVIe transformée en cagole toulonnaise (et réciproquement)... L'imagerie publicitaire initiée par Tom Ford voulait organiser l'hystérie entre chic et vulgaire. Mais à force, le luxe ostentatoire qui passait pour provocant est devenu indécent et le milieu de la mode retrouve des codes et des attitudes plus discrètes. «Depuis quelques saisons, explique Jean Jacques Picart, conseil en mode, on assiste à une intériorisation des choses. La mode joue le registre de la confidence. L'heure est au retour des valeurs sûres. Regardez l'iPod, c'est un nouveau classique.» Alber Elbaz (lire ci-contre), qui a signé pour Lanvin une des plus belles collections de ces défilés, va dans ce sens lorsqu'il dit que «la provocation, c'est de ne pas provoquer».
Chacun chez soi. Ce mouvement de balancier tend aussi à redéfinir les rôles. Dans les années 90, pour accompagner leur démocratisation, les maroquiniers comme Louis Vuitton ou Gucci ont renforcé leur image en misant sur du prêt-à-porter dessiné par des stylistes médiatique