Le design américain a deux faces. D'un côté, les figures iconiques des années 50, les designers Charles et Ray Eames, George Nelson ou Raymond Loewy, et le graphiste très engagé Tibor Kalman. Et, de l'autre, d'énormes entreprises, comme Apple et Nike dont les logos, les objets, le marketing et la technologie dominent le monde. Au Salon du meuble de Milan, quelques New-Yorkais se font remarquer : l'inénarrable dandy ska Karim Rashid, Yves Béhar, Suisse californien qui travaille aussi pour la Grosse Pomme, et le jeune Stephen Burks, Afro-Américain né à Chicago qui a monté son studio Readymade Projects à Tribeca. Pourtant, vu d'Europe, où le design a son histoire, se découpe en décennies, en pays, «on ne sait pas vraiment ce qui se passe à New York», constate Irène Berthezène, étudiante de l'ENSCI-Les Ateliers à Paris. C'est aussi pour mener son enquête qu'elle a choisi de faire son stage d'école là-bas.
Emerge-t-il à New York une scène indépendante de l'industrie ?
Face au design très ancré dans l'entreprise, qui freine les initiatives personnelles, des changements s'opèrent. Depuis le traumatisme du 11 septembre 2001, et avec la reprise économique, de jeunes designers, issus de l'immigration, revendiquent un design libéré de l'esthétique dominante.
Les Boym, chez qui vous avez travaillé, en sont-ils les représentants ?
Laurene et Constantin Boym, d'origine russe, sont les parrains de ce courant. Ils ont fondé leur studio en 1990. Ils représentent une alternative au design intégré