Menu
Libération

Saut qualitatif

Article réservé aux abonnés
publié le 5 novembre 2004 à 2h53

On mettra peut-être un jour au point la théorie qui démontre que, au plus profond de son cerveau reptilien, l'homo ludicus (ou homo manettus) construit son système cognitif à partir de trois ou quatre connexions neurologiques primaires. Elles suffisent pour activer les gestes fondamentaux de la survie en milieu virtuel, ces fonctions de base que le joueur engrange dès ses premiers contacts avec la chose ludique et que, telle une grenouille réflexe, il ne désapprendra plus : voir, attaquer, sauter... Le saut fait tellement partie du code génétique du jeu vidéo qu'il est à l'origine d'une catégorie à lui tout seul : la plate-forme, qui a été le genre roi des années pionnières (Mario, Donkey Kong, Sonic) avant de transmuter façon Jack ou Ratchet et d'essaimer dans beaucoup d'autres registres, comme celui des jeux d'aventures ponctuellement saupoudrés d'épreuves de plate-forme. En perte de vitesse ces dernières années en tant qu'exercice de pure virtuosité et de précision, le jeu de plate-forme est régulièrement l'objet de tentatives de régénération. Certains liftings se sont avérés catastrophiques, mais pas forcément désespérés comme le prouve l'exemple de Crash Bandicoot, génial héros sauteur sur PSOne, massacré dans des versions anecdotiques après son rachat par Vivendi Universal et ressuscité avec les honneurs dans le très correct Crash Twin Sanity. Parmi les plus intéressantes de ces récentes productions sautillantes, on peut rappeler le furtif Sly Racoon, l'explosif I-Ninj