Le premier choc de Fable, c'est celui d'un classicisme superbement réinventé. Annoncé comme révolutionnaire, ce titre, attendu et développé depuis près de quatre ans, s'impose d'abord par la majesté de son hommage au jeu vidéo et à ses genres, dont il adopte jusqu'au fétichisme tous les canons. Entre RPG (role playing game) et jeu d'aventures, Fable ne déroge à aucune des règles fondatrices : le trauma originel du héros, son initiation puis sa vie d'homme, les coffres et secrets cachés aux quatre coins du royaume, les portes énigmatiques et les quêtes secondaires, les monstres méthodiquement répartis selon les étapes et, naturellement, les armes, le négoce, l'argent, etc. Pourtant, en même temps qu'il le récite, Fable dépoussière ce bréviaire, lui insufflant une lumière propre et une vie nouvelle.
Nature virtuelle. Il y a d'abord l'exécution, ce geste artistique par lequel sont déterminés la pâte, le style, les couleurs, les paysages et les mille détails qui façonnent un univers graphique : elle est ici magistrale. Du champ de coquelicots au vol de papillons, depuis la perspective d'un vallon tortueux jusqu'à l'écoute des clapotis marins au clair de la lune, Fable développe une approche de la nature très rare dans le jeu vidéo : on croit y palper ces particules de lumière qui poudrent les sous-bois, cette vibration sourde qui émane des vrais mondes végétal, minéral et animal. Dans ces conditions, l'errance du héros vagabond sur les routes se gorge d'une saveur qui vaut pour e