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Libération
Critique

Godard appliqué

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publié le 12 novembre 2004 à 2h59

Consternant paradoxe. Jusqu'à présent, les seules éditions DVD dignes des films de Godard étaient américaines (Criterion). En France, il fallait se contenter d'images floues, de couleurs délavées et, alors que l'oeuvre de Godard est l'une des plus débattues du cinéma, de DVD vierges de bonus.

Opening met fin à cette anomalie avec Vivre sa vie. Ce portrait magnifique d'une prostituée est complété par une belle analyse du critique Jean Narboni et, surtout, par les trois premiers courts métrages de Godard (Tous les garçons s'appellent Patrick, Une histoire d'eau, Charlotte et son Jules), commentés avec finesse par Mathieu Amalric.

De son côté, Arte publie deux grands films de la veine «sociologisante» de Godard. Masculin féminin et Deux ou trois choses que je sais d'elle sont accompagnés d'un entretien de haute volée entre Freddy Buache (fondateur de la Cinémathèque suisse) et Dominique Païni (Monsieur Cinéma au Centre Pompidou), ainsi que d'un gros livret de documents et d'analyse signée Alain Bergala. Mais, question bonus, le plus beau se trouve sur Deux ou trois choses que je sais d'elle : un débat télévisé de 1966 entre Godard et Jean Saint-Geours, alors directeur de la prévision au ministère des Finances. «Peut-on prévoir sans morale ?», demande le cinéaste au futur patron de la Commission des opérations de Bourse. Lequel tente, vaille que vaille, de défendre le modèle de civilisation consumériste dont Deux ou trois choses que je sais d'elle constate les dérives. Un débat ét