Henri Langlois en était convaincu : «Il n'y a pas de Dietrich ! Il n'y a que Louise Brooks !» D'un côté, une actrice-chanteuse allemande qui, après avoir crevé l'écran en chanteuse de beuglant dans l'Ange bleu, a fait l'essentiel de sa carrière aux Etats-Unis. De l'autre, une ancienne danseuse américaine vite fâchée avec Hollywood, dont les deux plus beaux rôles au cinéma, la femme fatale de Loulou et la victime de Journal d'une fille perdue, ont été tournés... en Allemagne.
Dans le luxueux coffret consacré à Louise Brooks, la responsable des collections muséographiques de la Cinémathèque, Marianne de Fleury pointe la différence entre les deux actrices : «Dietrich est une star, Brooks est LA femme.» Cette opposition tranchée ne se retrouve pas toujours dans les partis pris éditoriaux adoptés par MK2 et Carlotta pour leurs DVD respectifs. Les suppléments de l'Ange bleu, à commencer par la pléthorique galerie de photos, entretiennent le culte fétichiste de Dietrich. Lorsqu'elle tourne un essai pour Joseph von Sternberg en 1929, elle n'a qu'une dizaine de films mineurs à son actif mais affiche déjà le charisme, l'assurance voire l'insolence de la vedette. Quarante ans plus tard, c'est une déesse inaccessible que l'on retrouve, en robe fuschia et strass pour une courte interview, puis en manteau-cygne et fourreau en lamé pour un tour de chant nostalgique. Plus glamour, on ne voit pas.
Les nombreux suppléments autour de Louise Brooks ne lésinent pas non plus sur le mythe. Le critiq