Bordeaux correspondance
Ça ne tourne pas rond dans le petit monde du ballet de l'Opéra de Bordeaux. Charles Jude est convoqué le 31 mars au tribunal correctionnel. Le directeur du ballet est accusé par une danseuse de harcèlement moral. Deux autres danseurs attaquent, eux, l'Opéra au tribunal administratif pour non-respect de leur contrat de travail, d'une durée d'un an au lieu de deux. Ils s'appuient sur une délibération prise en conseil municipal en juin 1998, stipulant que «dans un contexte économique difficile, afin d'assurer une certaine pérennité aux membres du corps de ballet, il est proposé de porter à deux ans la durée des contrats des danseurs en poste depuis plus d'un an à l'Opéra».
Quelques lignes plus loin, on y écrit que le contrat «pourra» être renouvelé pour deux ans. La délibération, très mal rédigée, prête le flanc à toutes les interprétations. Ce n'est pas le seul dysfonctionnement que pointent les danseurs. Rétrogradation, mise à l'écart, promotion canapé, humiliations, seraient le sort réservé à ceux qui ne filent pas doux.
Dans une lettre anonyme qui circule depuis quelques mois, Charles Jude, 52 ans, étiqueté «seigneur et maître», «tantôt patron, tantôt amant», ne serait qu'un «danseur étoile vieillissant voulant préserver son aura». Il serait impossible d'évoluer «si l'on ne sait pas se montrer complaisant».
«Mise sur la touche». Christelle, 36 ans, nommée soliste en 1995, fait des premiers pas prometteurs, dès l'arrivée de Charles Jude, en 1997. Tout en