«Qu'est-ce que c'est que ces nanas qui font des bonds face à des miroirs gravés ou des bassines en plastique», se demandent à chaque fois les marchands de petites échoppes indiennes, face à Catherine Lévy et Catherine Geel. Depuis huit ans l'une est designer Tsé & Tsé, l'autre commissaire d'expositions de design , ces collecteuses farfouillent dans les bazars de Bombay, New Delhi et Jaipur. Elles se sont prises d'affection pour des ampoules colorées aux formes délirantes, des cuillères en inox bien dessinées, des pommeaux de leviers de vitesse ornés de clignotants. Les deux Tsé & Tsé (Catherine Lévy et Ségolène Prébois) s'inspirent depuis longtemps d'objets basiques indiens, comme les égouttoirs à vaisselle, pour les réinterpréter. Lévy et Geel ont décidé de faire venir tout ce fourbi coloré à Paris, exposé et vendu chez Sentou Raspail.
Des pauvres aux bobos. Dès le premier jour de vente, les amateurs alertés faisaient la queue devant la boutique. Autour d'un rickshaw de Bombay, délicieusement réimaginé, ces acheteurs se sont précipités sur cabas, passoires, tampons, fringues, cahiers, dévalisant un premier stock de babioles. Les uns par nostalgie pour un continent où ils avaient voyagé ; les autres pour s'inventer à bas prix les petits souvenirs qu'ils n'ont pas. Les deux Catherine sont conscientes de cette «ambiguïté. On fait venir des objets des Indiens pauvres pour les bobos français. Ces ustensiles trouvés dans une multitude de bazars jouxtent les bidonvilles. Ici, on