«Un produit marchand dont on cherche en vain un quelconque attrait artistique.» (L'Huma dimanche). «Le soap-opera d'un artiste doué qui n'a pas la moindre idée de ce qu'est la morale au cinéma.» (Cahiers du cinéma). «Un interminable roman-photo qui tire sur le vidéo-clip.» (Le Parisien)... Ce florilège critique de 1990 a été repris avec malice par Wild Side dans son édition collector de Sailor et Lula, l'un des deux seuls longs métrages de David Lynch jusqu'alors indisponibles en DVD (1). Histoire de souligner que ce road movie surpuissant, qui mélange amour fou et imagerie grotesque, fut l'une des palmes d'or les plus controversées des vingt dernières années.
Dans une interview en bonus, le président Bernardo Bertolucci, admirateur sincère du film, «le plus beau, le plus fort, le plus inventif de Cannes cette année-là», rappelle d'ailleurs combien il dut se battre contre les membres féminins de son jury (dont Françoise Giroud), choquées par «l'excès de violence»...
David Lynch est connu pour sa méfiance vis-à-vis du support DVD, son refus de voir ses films «découpés» en chapitres, ses réticences à l'idée qu'on puisse expliquer son oeuvre dans les bonus. Son implication dans cette édition (il a suivi de près la restauration de l'image destinée à corriger la regrettable «bouillie verdâtre» des scènes nocturnes) et sa présence dans les (nombreux) suppléments sont donc une excellente surprise.
Fait rare, le cinéaste livre même quelques clés d'interprétation de ses personnages : «S