On frôle les minuit. Deux heures de bières viennent de s'engloutir dans ce troquet enfumé du Quartier latin à Paris. L'endroit est aujourd'hui le principal repaire de la Mexicaine de perforation. Avant, il y eut un autre lieu enfumé et arrosé, le Mexicain, place de Mexico, qui inspira son nom au groupe. La seconde partie, «perforation», donne un indice sur la fonction. LMDP pratique le trou, la galerie souterraine, l'underground. Et manie la perforatrice avec brio.
Son sobriquet est sorti de la terre le 23 août. Ce jour-là, la police a découvert sous le Palais de Chaillot une salle de cinéma souterraine de 400 m2 (Libération du 7 septembre), un lieu clandestin aménagé, avec le téléphone et l'électricité, une salle à manger au décor psychédélique, avec un inoffensif couscoussier dans un coin, pris un moment pour une bombe. LMDP n'est pas une bande de voyous. Elle récuse le terme de «cataphile», qu'emploient à son avis abusivement les ignorants de la surface pour parler de tous ceux qui fréquentent les sous-sols. Elle tient à se distinguer des nerds boutonneux qui fréquentent les chatières: «Les explorateurs urbains sont tous censés avoir perdu leur pucelage avant.» Car son truc à elle, depuis cinq ans, c'est l'exploration urbaine. Elle revendique de créer des espaces d'expression artistique libre (concerts, spectacles vivants) dans les délaissés urbains (tout lieu inutilisé tout ou partie du temps). Dans le gruyère parisien, mais aussi dans les stations de métro, dans un musée