SAS, Son Altesse Sexuellissime le prince Malko Linge, est peut-être la seule barbouze de luxe des Trente Glorieuses qui continue sa vie dans le monde moderne. Il a survécu à la fin de la guerre froide, au sida. Il survit au 11 septembre, au 11 mars, à la multiplication des dates noires de la nouvelle dramaturgie planétaire. Il survivra à Fidel Castro, à Jacques Chirac et peut-être même à son créateur, Gérard de Villiers. Les puissants frustrés de Michel Houellebecq lisent ses aventures. Malko digère tous les désenchantements du monde, puisqu'il n'y a jamais cru. Il s'adapte dans le plaisir à la méchanceté du pouvoir. Il en jouit : c'est sa pessimiste raison d'être. Il est le chevalier viril de l'Apocalypse, entre machisme et lingerie fine. Naguère, on aurait dit «facho». Quelle importance ? Son cynisme et sa vulgarité le protègent comme de la graisse de phoque. Deux ingrédients lui sont indispensables. D'une part, il doit vivre toujours le même type d'aventures : SAS est un enfer pavé de mauvaises intentions, où le personnage revit éternellement la même chose, mais dans un contexte différent. D'autre part, puisque seul le contexte change, il doit être informé : le détail des aventures semble, sinon écrit, du moins soufflé par d'excellents agents de terrain. L'islamisme est le nouvel ennemi principal. On attend, pour janvier 2005, un SAS intitulé Otages en Irak. Les barbus y seront sans doute d'irrécupérables pervers psychopathes et, comme il se doit, des obsédés sexuels. Com
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