Menu
Libération
Critique

Objets dégoupilleurs

Article réservé aux abonnés
publié le 3 décembre 2004 à 3h18

Un corps, cagoulé de noir, relié à une gégène et transformé en lampe de chevet, nommé Abou Ghraib. Cet objet est signé Ali Hussein Badr, nom de guerre hybride d'un designer né en Irak, exerçant entre Proche-Orient et Europe. Ce luminaire agressif entend rappeler à ceux qui dorment sur leurs deux oreilles que «des hommes sont torturés pendant que l'Occident s'assure l'exploitation des ressources énergétiques. Elle pousse l'intrusion du cauchemar de la guerre en Irak jusqu'à l'intimité des chambres à coucher».

Bannière unifiée. Ce petit brûlot était exposé début novembre à la quatrième Biennale internationale de design de Saint-Etienne, aux côtés d'autres pièces, tout aussi provocantes et revendiquées par l'Association du design et d'architecture au Proche-Orient, l'Adapo. Un regroupement de designers syriens, irakiens, jordaniens, palestiniens et libanais. Le commissaire de cette «bannière unifiée», Alexandre Medawar, graphiste travaillant entre Beyrouth et Lausanne, a proposé à ces créateurs de réfléchir à trois thèmes liés à leur contexte géopolitique : «boire, voiler-dévoiler et résister». Cette exposition devrait être montrée prochainement à Beyrouth.

«La majorité des designers de cette région est formée en Occident, explique Medawar, et ils dessinent des poignées de porte, des produits industriels ou décoratifs. Ils suivent la mode du design international et ne sont pas engagés. J'ai proposé à certains d'entre eux, réunis à l'Adapo, que nous sortions du design standard nom