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Libération
Critique

Ravers éveillés

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publié le 3 décembre 2004 à 3h18

Vous pensez encore que les amateurs de free-parties sont des chevelus irresponsables que seuls la musique électronique, la drogue et leur petit nombril intéressent ? Ce coffret DVD et CD, plongée passionnante au coeur du nomadisme techno depuis sa fondation par le collectif anglais Spiral Tribe (1989) jusqu'à l'African Expedisound de 2003, fera office de salutaire piqûre de rappel. Certes, on peut y apprendre comment rouler un joint en conduisant un poids lourd sur une piste africaine défoncée, ou découvrir des ravers cherchant frénétiquement le Tupperware de champignons hallucinogènes égaré au milieu de leurs boîtes de petits pois...

Mais les quatre documentaires compilés sur le DVD dressent surtout le portrait de musiciens et DJ soucieux d'apporter une dimension humanitaire à leurs périples musicaux : en l'occurrence, «réunir Serbes, Croates et Musulmans dans une vibe techno», apporter des vivres aux Bosniaques affamés juste après les accords de Dayton, ou des livres scolaires à des villages maliens. Des 20 à 30 ans animés d'une croyance radicale mais sincère dans l'ouverture au monde, les bienfaits du partage et le refus du matérialisme. Comme l'explique joliment un membre du collectif Sound Conspiracy : «On a peu d'argent, pas de passavant, mais on a la foi.»

Une foi qui déplace les montagnes, qu'elles soient physiques (un Paris-Dakar à bord de camions hors d'âge), administratives (le franchissement, en convois chargés de matériel hi-fi, des frontières turque, iranienne et