La scène se déroule en 1975. Brian Eno, l'auteur de Music For Airports, vient d'être victime d'un accident. Il ne peut plus se déplacer. Il va explorer des territoires inattendus. Une visite y contribue aussi. «Mon amie Judy Nylon est venue me voir, raconte-t-il (1). C'est un jour de pluie. Elle m'a apporté un disque de musique pour harpe du XVIIIe. J'ai mis le disque. Une fois allongé, je me suis rendu compte que l'amplificateur était réglé à un volume très bas, et qu'un des canaux de la stéréo ne marchait plus. Je découvris alors une façon d'écouter de la musique une musique qui ferait partie de l'atmosphère, au même titre que la couleur de la lumière et le bruit de la pluie.» Près de vingt ans après cette fondation empirico-théorique de l'ambient, une scène se déroule en 2004. Dehors, il bruine par intermittence. Le dernier album de Beans tourne. Le volume est assez bas. Mais on perçoit les samples de klaxons ou de moteurs d'avions qui l'émaillent. Dedans ou dehors ? Réels ou samplés ? Un avion au-dessus de Paris ? Un camion de livraisons qui bloque la rue ? Ou Beans qui joue sur la confusion ? L'utilisation de sons réels n'étonne guère chez cet ex-membre d'Anti Pop Consortium. Après une balle de ping-pong, cette fois, c'est une cloche à la provenance incertaine qui nous sonne. Le titre You're Dead, Let's Disco, qui pourrait constituer un slogan définitif des années 2000, est entièrement structuré autour d'un brimbalement de bronze. Le tout relevé de touches de xylophon
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