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Libération

Initiale «Fantasy»

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publié le 10 décembre 2004 à 3h25

Affirmer que la saga des Final Fantasy est un peu à l'histoire du jeu vidéo ce que la Recherche du temps perdu est à celle de la littérature n'est pas seulement une provocante perversion. On pourrait s'amuser facilement à tisser quelques parallèles narratifs, comme la réversibilité radicale dont sont frappés les destins des personnages principaux. Mais ce n'est pas sérieusement dans la matière de Final Fantasy que l'on peut éprouver cette analogie avec la Recherche : c'est dans la fabrication générale de l'ensemble, dans son écheveau délirant, l'instabilité de son ordre. Entre le méli-mélo des éditions de la saga virtuelle et ses passages d'un éditeur à l'autre, ses enchâssements rétrospectifs, ses versions bidouillées, augmentées, biffées, retravaillées, actualisées et transbordées de console en console, on retrouve quelque chose de l'indomptable enfer des fameuses paperoles de Proust.

Car Final Fantasy, pour le joueur européen, c'est une constellation disloquée de titres parvenus sur le Vieux Continent dans un anachronisme confus, sur des consoles diverses qui n'étaient pas toujours les consoles pour lesquelles ils avaient été conçus au Japon. Onze épisodes principaux (le dernier on line, le douzième sous presse au pays du Soleil-Levant), des extensions multiples (FF Tactics, FF Crystal Chronicles...), un long métrage maladif et culte (The Spirits Within), un court métrage tonitruant (Advent Child, Libération du 1er/12) et, pour ce qui concerne les six premiers volets, des