Assassinat de César par Brutus, suicide d'Antoine et Cléopâtre, principat d'Octave qui prend le nom d'Auguste, début de l'empire... L'époque où vécut Horace (65 av. J.-C. -8 av. J.-C) est riche en rebondissements tragiques. Le protégé de Mécène sait les vicissitudes de la vie : n'est-il pas lui-même fils d'esclave affranchi ? L'âme égale, il chante la gloire du nouvel empereur et invoque le messager des dieux, Mercure, sous le signe duquel il est né. A travers ces odes, Horace distille une sagesse héritée de l'épicurisme : «A qui beaucoup demande, il manque tant et plus : Heureux celui auquel, d'une main économe, les dieux ont procuré ce qui suffit !» Mais l'équanimité n'empêche point les plaisirs, c'est à l'aune de notre temps si court que nous mesurons la beauté de la vie : «Pendant que nous parlons a fui le temps jaloux : Cueille le jour sans te fier le moins du monde/Au lendemain !» Le vin devient une philosophie, et comme d'une maxime, souvenons-nous de ce Nunc est bibendum..., «C'est maintenant qu'il nous faut boire». Les références mythologiques n'entravent en rien la lecture l'appareil critique comblera les lacunes , car le traducteur a su restituer la musique des vers, le délicat lyrisme de l'auteur. Et si la langue dans laquelle Horace écrivit sa poésie est morte, les thèmes en sont bien vivants. Au jeune arrogant qui se prévaut des dons de Vénus : «Tu gémiras quand le miroir de toi fera surgir un autre : "Pourquoi n'avais-je pas enfant les mêmes pensées qu'auj
Critique
Horace. Des vers à boire maintenant
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par Sean James ROSE
publié le 17 décembre 2004 à 3h31
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