Juin 2003. De passage à Marseille, les plasticiens Nathalie Bles et Serge Stephan sillonnent en voiture la côte bleue. A une trentaine de kilomètres de là, alors qu'ils traversent la petite ville de Sausset-les-Pins, ils s'arrêtent net, frappés par une vision. «C'était comme un ovni, échoué là sur un parking privé près du port», expose Serge, «domiciles mutants sans référence dans nos esprits. (...) Hublots, station orbitale, concrétion 70, résidu : en attente», écrit Nathalie. Devant eux, deux modules d'habitation en forme de citrouille, formés chacun de six coques blanches boulonnées sur une structure métallique, sauvagement raccordées par une passerelle, une sorte d'astronef dont l'esthétique pop contraste violemment avec le béton ambiant. A l'époque, ils n'ont aucune idée de la portée de leur découverte : deux «maisons-bulles» conçues dans les années 60 par l'architecte et urbaniste Jean Maneval (1), un projet avant-gardiste d'habitat en matériau composite tout à fait unique. Contrairement à la plupart des maisons plastiques de l'époque, la Bulle visionnaire de Maneval n'est pas restée à l'état de prototype mais a été fabriquée en série et commercialisée, notamment pour l'équipement d'un village de vacances ouvrier expérimental, à Gripp dans les Hautes-Pyrénées.
«Champ plastique». Les deux plasticiens sautent la barrière, aimantés par cette étrange maison. Le propriétaire du parking leur apprend que les modules abritent les bureaux désaffectés d'Art et construction, une a