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Libération

Odyssée

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publié le 17 décembre 2004 à 3h31

Un vieux Lucky Luke met en scène les aventures du cow-boy mélancolique aux prises avec le «fil qui chante». Il est ainsi baptisé par les Indiens à cause du son qu'il émet lorsque le vent souffle dedans. Il désigne par métonymie le seul moyen de communication de l'époque (hors signaux de fumée), le télégraphe. Dans le célèbre album de BD, la ligne doit impérativement relier l'ouest et l'est des Etats-Unis. A chaque instant, elle risque d'être coupée, cassée, brûlée. Mais coûte que coûte elle doit passer. C'est la nouvelle «frontière». Ce «fil qui chante» nous traverse l'esprit au moment où le dernier clip de U2 surgit sur l'écran d'une salle de cinéma. Vertigo, le titre du single, resuce un vieux Kim Wilde (Keep me hanging on ?), une accroche latina à la Ricky Martin (Un, dos, tres ?) et un peu de U2 quand même. Mais le problème est ailleurs. Car ce qu'on croit être le clip de U2 se matérialise sous la forme d'un spot de pub pour Apple. Sur fond des fameux codes couleurs vives (vert, bleu, rose, vifs) de l'I Pod, les silhouettes ombrées de Bono, The Edge et les autres, chacun sur leurs instruments, se dessinent, s'animent, se déchaînent. Par intermittence, une jeune femme gracile à la coupe afro s'excite sur le son de U2, retransmise par son I Pod. Des fils blancs serpentent sur l'écran. Le fil qui relie l'écouteur à l'I Pod. Le fil du micro de Bono. Le fil qui relie l'ampli à la guitare électrique de The Edge. Ces fils blancs qui chantent de tous les côtés renvoient à une dr