Menu
Libération

Swarovski piège de cristal

Article réservé aux abonnés
Ces bijoux en strass ont remplacé les diamants au cou des stars. Et d'autres accessoires essaiment, du prêt-à-porter au supermarché. Portrait d'une marque centenaire qui investit le «nouveau luxe».
publié le 17 décembre 2004 à 3h32

C'était au siècle dernier, dans les rudes frimas d'une station de ski d'Europe centrale. Nicole Kidman n'arborait pas encore les perles maison, et les opérations de prestige de la marque, lors du Festival de Cannes ou aux oscars, n'existaient guère.

Nous étions à Innsbruck, la ville autrichienne qui accueillait, en cette année 1976, les Jeux olympiques d'hiver. A l'issue de la quinzaine, les sportifs, journalistes et curieux se grattèrent la tête : que rapporter de l'austère patrie de Thomas Bernhard et Elfriede Jelinek ? On croisait justement, dans quelques boutiques de la ville, une drôle de petite souris en cristal fabriquée par des industriels du coin (leur usine est à 8 km), établis là depuis presque un siècle : les Swarovski. Va pour la petite souris. Vingt-huit ans après, l'animal symbolise toujours, dans cette histoire aux accents de légende, l'entrée de Swarovski dans le monde merveilleux du succès. Qui se décline aujourd'hui tous azimuts: des objets un peu vieillots aux colliers chics, en passant par des lustres contemporains signés des plus grands designers lors du Salon du meuble de Milan.

De «l'international» au «nouveau luxe». Qui achète les petits faons en cristal du bestiaire (ils sont une centaine, héritiers de la souris), ou les bracelets de la récente collection «Out of Africa» ? Avançons une hypothèse : et si la marque incarnait une sorte de «bon goût international» dont les canons correspondent, de Miami à Dubaï en passant par Francfort ou Pékin, au «style