Dans les bureaux d'un immeuble moderne, à Paris, s'entassent des dizaines de chaussures. Bottes fourrées Ugg, Clarks, Birkenstock : l'antre d'une victime de la mode ? En fait, il s'agit de copies réalisées par une jeune marque française, Koah, dont les dirigeants occupent ces bureaux exigus. Voilà moins d'un an que Koah est arrivé sur le marché, fort encombré, de la chaussure féminine branchée, destinée aux «16-35 ans». Mais comment l'entreprise peut-elle reproduire aussi facilement les grandes marques ? Et ces dernières, que pensent-elles de cette concurrence à bas prix ? Dans ce drôle de monde où l'on préfère parler «inspiration» plutôt que «copies», où l'on scrute avec attention les magazines de mode du monde entier, l'objectif est toujours le même : la dernière tendance.
«Rester discrets». Les patrons de Koah, des presque quadragénaires qui tiennent plusieurs magasins de fringues parisiens, veulent par-dessus tout «rester discrets» : les deux frères et le cousin refusent obstinément de dévoiler leurs noms de famille. Jacques, l'un des trois créateurs, accepte cependant (et pour la première fois) d'expliquer le succès maison. Selon lui, il s'agit avant tout de «réactivité». En «quarante-cinq jours», l'entreprise peut fabriquer des centaines, voire des milliers d'espadrilles ou de bottes repérées aux pieds des stars et annoncées comme le «prochain hit» dans les magazines. Copieur ? Jacques semble ennuyé et nie, bien sûr, qu'il s'agisse de copies. «Tout le m