Après le vinyle ou la cassette audio, les supports numériques, victimes de leur obsolescence fulgurante, vivent leur première vague de nostalgie avec le retour inattendu de la bonne vieille disquette. Si le vinyle résiste encore au raz de marée des mp3, la disquette a presque disparu sans même qu'on s'en rende compte. Face aux clés USB, accessoires chics de la taille d'un porte-clés, insensibles aux rayures et à la poussière, qui permettent de trimbaler jusqu'à un giga de données dans sa poche, la laborieuse disquette noire et ses capacités de stockage ridicules (un peu plus d'un méga) ne pèsent pas bien lourd.
Esprit cheap. Dans cette course aux nouvelles technologies, toujours plus rapides, plus performantes et plus chères, certains artistes ont décidé de réhabiliter ce support low-tech, bon marché, facile à utiliser, pour collecter et distribuer de la musique, des images, des textes, voire des films. A Toronto, le collectif No frequency a fait circuler son fanzine sur ce support au même esprit cheap que les feuilles photocopiées : «accessibilité, démocratie, anonymat», le médium est le message. Sur ces disquettes distribuées de la main à la main comme leur prédécesseur papier, No frequency colporte un assortiment de musiques de vieux jeux vidéos, de photos ou graphiques en ASCII, des vidéo-clips, des romans (comme l'intégrale d'Alice au pays des merveilles, sur le site du Projet Gutenberg). On peut ensuite télécharger ce qu'on veut ou rajouter ses propres productions a