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Libération
Enquête

Les VJ aux avants-postes

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Les vidéojockeys se sont émancipés de leur rôle d'illustrateurs de raves. Avec des compositeurs, ils réinventent le rapport image/son pour créer de la musique à voir.
publié le 7 janvier 2005 à 23h28

A l'origine, sur les dance-floors, les images étaient là pour insuffler l'énergie et euphoriser ; aujourd'hui, elles ont tendance à scotcher le public au point qu'il en oublie de danser. Quelque part entre le cinéma expérimental et l'habillage télé, le vidéo-clip, le diaporama ou l'animation, est apparue, dans le sillon des musiques électroniques, une nouvelle scène de l'image en mouvement, qui puise dans les différents supports pour mieux en brouiller les codes. Longtemps tapi dans l'ombre du DJ, son pendant visuel, le VJ (vidéo-jockey) s'émancipe de son rôle de tapissier-décorateur grâce à des festivals comme Club Transmediale à Berlin, Pixelache à Helsinki, Cimatics à Bruxelles ou Netmage à Bologne qui s'emploient à donner une visibilité à ces nouvelles pratiques visuelles.

Le développement de la scène VJ remonte à celui des raves. A l'époque, le VJ est essentiellement agent d'ambiance, il mixe sur cassette VHS, joue des boucles de films préexistants en rythme sur la musique pour créer des atmosphères immersives, festives ou psychédéliques. A Berlin, où la scène est particulièrement grouillante, «on organisait des soirées dans des entrepôts et usines désaffectés, il fallait bien habiller les murs hideux, raconte Codec de Pfadfinderei, l'un des plus emblématiques collectifs de VJ de la capitale allemande, on illuminait ces endroits décatis avec des diapos, des vidéos pour créer une expérience visuelle.»

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